La boule bleue, plus ancien fabricant de boules au monde
A la fin du XIXème siècle, le Capitaine au long cours André Rofritsch fait de la cité phocéenne son nouveau port d'attache, peu enclin à retourner dans son Alsace natale, alors sous la coupe de la Prusse. En 1904, dans sa quincaillerie située rue des Fabres, à deux pas de la Canebière, Félix, son fils, réalise à la demande expresse d'un bouliste de renom ses premières boules en bois cloutées... Cela marque le point de départ d’une saga familiale et entrepreneuriale qui va traverser le siècle, et au-delà, puisque l'entreprise souffle cette année ses 113 bougies. Avec l'invention de la pétanque, qui naît à La Ciotat en 1907, les affaires de la petite entreprise prennent leur essor.
Après-guerre, Marcel et Fortuné reprennent le flambeau avec l'ambition d'ancrer La boule Rofritsch dans la modernité. Les premières boules en acier carbone aux reflets bleutés sortent de la fonderie, donnant son nouveau nom à la marque. Mais c’est véritablement sous l’ère de Maurice que les boules de compétition façonnées dans les ateliers marseillais s'imposent comme des boules de référence, d’autant qu’elles sont les seules sur le marché à être garanties 5 ans.
Aujourd'hui, c'est Hervé Rofritsch qui préside aux destinées de cette illustre maison. Comme son père Maurice, son grand-père Marcel et son arrière-grand-père Félix, il a la passion chevillée au corps, et entend bien écrire les nouvelles pages du roman familial. En 2015,il lance dans le quartier du Panier La maison de la boule, un musée-boutique dédié à la pétanque et aux jeux de boules. Un lieu atypique doté d'un boulodrome intérieur, qui se veut autant une ambassade de la pétanque qu’un espace de vente.
Depuis son ouverture, une croissance à deux chiffres accompagne la TPE dont la production annuelle s'élève à 15 000 triplettes, avec un CA HT qui avoisine les 1,2 millions d'euros. En cette fin de décennie, l'entreprise centenaire fait face à de multiples défis : « La forte croissance impose une montée en puissance. La boule bleue est engagée dans un plan de réorganisation des ateliers de fabrication qui va bien évidemment de pair avec des restructurations en interne », précise le boss de la boule bleue. S'agrandir, se développer, oui, mais sans perdre son identité. Un impératif pour le charismatique chef d'entreprise qui tient à sa qualité d’artisan et s’enorgueillit d’une fabrication qui reste à ce jour artisanale. La boule bleue bénéficie d'ailleurs du label EPV (entreprise du patrimoine vivant) décerné par le ministère du Commerce et de l'Artisanat.
Il s'agit également de développer de nouveaux marchés, aussi bien en France qu'à l'étranger. Dans l'Hexagone, bonne nouvelle, la pétanque a le vent en poupe. Si la clientèle bouliste reste une constante, d'autres tribus viennent s'y agréger, notamment les CSP+ pour qui le jeu de boules est désormais un loisir estival incontournable. A l'export, qui représente 15% du CA, l'Asie, et particulièrement le marché chinois, sont en ligne de mire.
Pour l'heure, Hervé Rofritsch s’attelle à promouvoir la pétanque dont il se chuchote (de moins en moins discrètement) qu'elle pourrait devenir un sport olympique... Rendez-vous à Paris en 2024 ?
Emma Zucchi
