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Rencontre avec Marc Pietri

Le 1er juin, le Marseillais Marc Pietri, PDG du groupe Constructa, a été fait commandeur de la Légion d’honneur par l’ancien Premier ministre Manuel Valls.Le 1er juin, le Marseillais Marc Pietri, PDG du groupe Constructa, a été fait commandeur de la Légion d’honneur par l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Une décoration prestigieuse pour celui qui a redessiné, en grande partie, le nouveau quartier d’Euroméditerranée, avec la tour la Marseillaise ou la rénovation complète des Docks. Le bâtisseur aborde, pour MyEurosud, la transformation de Marseille, les atouts incroyables du territoire ainsi que son ambition pour sa ville.

Après votre expérience aux Etats-Unis, qu’est-ce qui vous a poussé à revenir centrer votre activité à Marseille ?
Marc Pietri : Personnellement et du point de vue familial, je n’ai jamais quitté Marseille. Pour une raison simple, c’est que mes parents vivaient ici et ils voyaient leurs petits-enfants. Nous avons toujours habité ici. En 1990, on est parti s’installer à Paris, pour des raisons professionnelles et économiques. Mais il n’y a pas eu de coupure. Après, il est vrai que l’expérience américaine qu’on a eue, sur les villes portuaires, qui sont la base de la renaissance de la dynamique des Etats-Unis, après la grande crise des années 70, a beaucoup joué. On a considéré qu’on allait peut-être chercher bien loin quelque chose qu’on avait ici et que toutes les caractéristiques étaient réunies à Marseille pour un vrai projet de requalification urbaine, pour un vrai projet de ville.

Quelles sont les observations les plus frappantes qui vous ont conduit à ce raisonnement ?
M.P. : On s’est aperçu que toutes les villes qui étaient sur l’eau, qu’il s’agisse de port, de rivières ou de lacs d’ailleurs, avaient cette espèce d’attrait et de charme. Pour des raisons philosophiques qui m’échappent, aux XVIIIe et XIXe siècles, tout le monde s’est détourné de ces zones. Et puis à New York, Baltimore, Boston, San Francisco, Los Angeles, San Diego, Buenos Aires ou Sidney, partout les villes se sont retournées vers la mer. Les villes portuaires bénéficient d’un urbanisme, d’une architecture du XIXe de très bonne qualité, très à la mode, ce qui est le cas des Docks à Marseille, mais aussi des docks de Bordeaux. On a commencé à analyser ce phénomène en nous disant que Marseille avait toutes les potentialités d’une renaissance urbaine.

Quelles sont-elles ?
M.P. : Marseille a 42 kilomètres de côtes, c’est très rare en milieu urbain. Ensuite, il y un arrière-pays. Quelle région à la Camargue en 40 mn, les Alpilles, le Pays d’Aix, le Lubéron, le ski à 2h15, Cassis, Bandol, La Ciotat, Porquerolles ? Aucune autre région n’a tout cela. Et qu’on le veuille ou non, nous sommes dans un territoire d’histoire et de culture. C’est de bon aloi de nier tout ça. Mais Marseille est une grande ville culturelle. Le théâtre du Gymnase est le plus grand de France en termes d’abonnés. On est baigné par la culture et on n’en fait pas un étalage bobo. Après, on a un aéroport avec 150 destinations, 36 TGV toute la journée vers Paris… Et enfin, 30 des plus grands investisseurs du monde ont investi dans Euroméditerranée, il doit bien y avoir une raison.

Pourquoi le développement ne se fait-il pas plus vite ?
M.P. : Le midi en général a toujours été « bashé ». Le pouvoir central a abandonné Marseille. Il a fallu que Jean-Claude Gaudin soit ministre de l’aménagement du territoire pour lancer les zones franches, pour lancer Euromediterranée et des grands projets. Les villes ne vivent que par les grands projets. Ils ont mis du temps à se réaliser parce qu’ils ont subi plusieurs crises. A Marseille, on a vécu une triple peine : la décolonisation, la désindustrialisation et la crise du pétrole. Et puis la politique marseillaise a été de faire pendant 15 ans que du logement social locatif. On a perdu 200 000 personnes qu’on vient juste de récupérer. Qu’est-ce qui entraîné le début du renouveau ?
M.P. : Cela a commencé par la Coupe du monde 98, puis les 2600 ans de la ville de Marseille, avec 260 000 jeunes qui viennent des quartiers et qui défilent, après il y a eu la capitale européenne de la culture, avec 350 000 personnes sur le Vieux-Port. Et enfin, cette espèce de greffe qui est le Mucem, qui est visité par le monde entier. De plus en plus, les gens, comme un chat devant une piscine, trempent leur patte et s’aperçoivent que Marseille est une ville normale, sympathique, dynamique, dans laquelle il y a un climat et un potentiel touristique, au sens noble du terme, sans équivalent.

Comment franchir les étapes suivantes ?
M.P. : Il faut que des grandes entreprises viennent régler le problème de l’emploi. Le dernier acte fort, c’est ce qu’a fait Jean-Claude Gaudin pour la Métropole. Contrairement à ce que dit Maryse Joissains, la maire d’Aix, les pauvres ne vont pas payer pour les riches. Marseille, c’est la centralité, qui supporte l’intégralité des frais publics. Quand on est souffrant, on ne se fait pas soigner à l’hôpital d’Aix. Et puis, on n’a pas mis en exergue de manière assez forte les choses destinées à ramener les grandes entreprises. Quand on parle du nord, on dit « les grandes familles du nord ». A Lyon, on dit « la grande bourgeoisie lyonnaise » et à Marseille, on dit « les vieilles familles marseillaises », sous entendu, elles sont au rencard. Ici, on a quand même Sodexho, Onet, CIS, Mediaco et bien évidemment CMA-CGM. Personne ne sait que Marseille possède tout ça. On n’a que des leaders, dans tous les domaines.

Comment fait-on émerger tout cela ?
M.P. : Les dernières périodes politiques ont fait changer beaucoup de choses. L’économie a besoin de sérénité, d’une organisation spécifique. Maintenant, il faut un mouvement général tourné vers l’extérieur. On a tellement subi qu’on a eu tendance à se replier sur nous-mêmes. Le premier pas, c’est la Métropole. Airbus Helicopters est Marseillais. Au lieu de rester à Marignane, il devrait avoir une représentation à Marseille. Iter, c’est extraordinaire, mais personne n’en parle plus. C’est 60 à 80 milliards d’euros pour produire l’énergie éternelle du XXIe siècle. C’est stupéfiant. Avoir un hall d’expo à Marseille, ce serait bien. Tout ça peut passer par Euroméditerranée, qui est le premier établissement public d’aménagement d’Europe. Au final, ce sera une opération de 7 à 8 milliards. Mais oui, ça ne va jamais assez vite ! Il faut encore que politiquement, juridiquement et administrativement, tout le monde soit persuadé qu’on vit la résurrection d’un territoire, sans oublier que les Marseillais doutent aussi d’eux-mêmes.

Pour quelles raisons ?
M.P. : Nous avons 10 000 ans d’histoire. La Méditerranée a inventé trois religions, les mathématiques, la philosophie, l’architecture, la médecine et la démocratie. Il fallait qu’on prenne conscience de nous-mêmes. Le Marseillais a cet espèce de conscience qui lui dit que ça ne marchera jamais. Il faut maintenant renverser la vapeur. Quel rôle pourriez-vous jouer pour cela ?
M.P. : Mon rôle, c’est d’abord d’essayer d’être un citoyen de mon quartier et de pouvoir, par un dialogue permanent, faire ce que je peux faire pour les autres. Je suis pour une morale personnelle. On oblige les gens à bien se conduire avec des tonnes de règles et de normes. Mon ambition, c’est que ma famille et moi soyons des acteurs apolitiques d’une vie collective. Au plan de Marseille et de la Métropole, je veux être un ambassadeur permanent du rétablissement de la réalité et d’être prêt avec ma société à participer aux grands projets. J’ai 45 ans d’expérience, dans tous les pays du monde. Je me mets au service du collectif. Je n’ai aucune ambition politique, parce que c’est trop tard et que ce n’est pas dans ma nature. Je suis un pragmatique, un primaire.

Comment analysez-vous le nouveau contexte politique ?
M.P. : Macron a réussi, il a dynamité les partis, qui étaient déjà fragiles. Après ce qui est plus inquiétant, c’est qu’il n’y a pas de ministre du développement du territoire, pas de ministre du logement, pas de ministre de la ville. Aujourd’hui, ce qui les amusent ce sont les start-up. Mais les gens vont bien vivre quelque part, la ville, c’est pour nos petits-enfants.

Comment va-t-on loger les gens ?
M.P. : Tout ça sera délégué aux collectivités. L’aménagement du territoire, c’est l’affaire de l’Etat.

Je crois savoir que vous êtes assez proche de la famille Swaton, dans l’assurance depuis 4 générations et éditeur de My Eurosud. Dans ce paysage en pleine mutation, quel doit être, selon vous, le rôle de l’assureur ?
M.P. : L’assurance, ce n’est pas important, c’est vital ! Parce qu’aujourd’hui l’assurance est un élément intrinsèque de toute activité. La société est créée sur le thème de la prévention des risques, parfois à outrance. Pour nous les industriels, il y a un carcan juridique abominable. Le système est pénalisé sur des sujets qu’on ne peut pas contrôler. Sur un chantier, si un plombier emploie des travailleurs détachés, c’est votre responsabilité pénale qui est en jeu. Depuis une dizaine d’année, Eurosud Swaton et la famille SWATON qui était initialement un partenaire amical est devenu un partenaire stratégique. Notre histoire avec Eurosud Swaton s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique. ils sont toujours disponibles et ont solutionné des problématiques majeures pour notre groupe. On ne peut pas avancer sans un partenaire stratégique d’assurance. Eurosud, par ses équipes, sa taille humain et par l’engagement de la famille Swaton, est très réactif et toujours présent et positif. Si vous n’avez pas un vrai partenaire assureur, ce n’est pas possible d’avancer.


Propos recueillis par Romain Luongo
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